Nathalie Palayret
Les coups de cœur 2020 de la bibliothérapeute

Retour sur une année de lectures
Quelques romans, une pièce de théâtre, un album pour enfants, un recueil de poésie... Ces quelques livres m'ont émue ou dérangée cette année. Tous ne sont pas des "nouveautés" parues cette année, loin de là. Mais c'est cette année que je les ai rencontrés et la lecture, c'est d'abord une histoire de rencontres.
Les Furtifs, de Alain Damasio
Époustouflant ! Un livre qui vous prend aux tripes, vous enserre dans une langue puissante et magique, vous rince puis vous reconstitue.
Si tu veux voir une baleine, de Julie Fogliano et Erin E. Stead, traduit de l'américain par Élisabeth Duval
Un album jeunesse qu'on se gardera bien de réserver aux enfants ! Pour voir une baleine, il fait de la patience bien sûr, mais aussi il faut être prêt à regarder ce qui se cache.
Beaucoup de douceur et de tendresse dans cet album : textes et images s'y répondent à merveille.
Les garçons de l'été, de Rebecca Lighieri
Le soleil, le surf, la famille : tout n'est que force, énergie et violence. Un grand roman sur la perversion et la manipulation. Sans doute l'un des meilleurs romans de Rebecca Lighieri (ou Emmanuelle Bayamack-Tam), tenu et maîtrisé de bout en bout.
Quand sort la recluse, de Fred Vargas
Si j'étais libraire, je mettrais quelques exemplaires du dernier Vargas sur la table "Nouveautés polars". Mais surtout, je déposerais toute une pile au rayon "Psychologie" en lieu et place des abêtissants ouvrages de développement personnel. Et, bien évidemment, je n'oublierai pas d'en mettre plusieurs, bien en évidence avec les autres livres de poésie.
L'anomalie, de Hervé Le Tellier
Il serait dommage de bouder ce roman au prétexte qu'il a obtenu le Goncourt. Une intrigue bien menée et de quoi réfléchir à ce qui fait notre identité : voilà de quoi passer un très bon moment.
Tristesse et joie dans la vie des girafes, de Tiago Rodrigues, traduction de Thomas Quillardet
"Ça, c'est nous ressentant de la joie de nous être perdus" : ces quelques mots qui décrivent la joie de Girafe et de Judy Garland prises dans l'aventure de la fugue, le lecteur de cette pièce inventive et jouissive pourra les reprendre aisément à son compte !
Yoga, de Emmanuel Carrère
Emmanuel Carrère est insupportable et je voudrais tant ne pas aimer ses livres ! Mais j'adore ce léger agacement que crée chez moi ce jeu de cache-cache entre mensonge et déballage égotiste. Ce faux manuel de yoga est un vrai traité d'écriture de l'intime.
Les amantes, de Elfriede Jelinek
C'est de l'écriture qui déchire et qui dézingue. C'est juste, dur, vrai et cruel. On sent que ça ne ment pas, et c'est ça qui fait du mal. Oui, il y a des vies qui sont moches et peut-être que toutes les vies le sont. Elfriede Jelinek est une autrice qui ne ménage pas son lecteur. Pire encore, elle le pervertit faisant de lui tour à tour un voyeur et un masochiste accompli.
Pense aux pierres sous tes pas, de Antoine Wauters
Un livre inattendu, bien loin de ce qu'on peut lire ici ou là. Une écriture poétique, tenue de bout en bout.
Caisse claire : poèmes 1990-1997, de Antoine Emaz
Des poèmes au plus près de la vie et de la langue : de toute façon, c'est la même chose. On est à l'os ou à l'épure. Il n'y a rien de trop et pourtant tout est là. Qu'on ne vienne pas me dire que la poésie, ce sont des mots compliqués et que la poésie contemporaine, on n'y comprend rien !
Que ma joie demeure, de Jean Giono
Un auteur déjà classique, un vieux livre... impossible de le faire passer pour une nouveauté... Et pourtant, s'il figure dans ma sélection des livres de l'année, c'est tout simplement que je l'ai lu 3 fois ces 12 derniers mois. Ce long poème en prose est un hymne à l'espoir dont je ne me lasse pas !
L'océan au bout du chemin, de Nail Gaiman
Quand la littérature dite "de l'imaginaire" donne ce qu'elle a de meilleure, on obtient ce roman de Neil Gaiman. On ne peut que se laisser envoûter et croire à la magie le temps d'un livre. Les forces de la nature et la puissance des sortilèges se conjuguent dans ce récit d'enfance âpre et merveilleuse.
Le papier peint jaune de Charlotte Perkins Gilman (plusieurs traductions disponibles)
Un livre qui reste trop méconnu malgré ses rééditions (aux éditions Des femmes et Phébus). Une voix de femme à lire et à entendre dans ce court texte singulier. Une rapide plongée dans la folie ? Ce n'est peut-être pas si simple. Et si ce qui semble être un récit de délabrement était en fait le récit d'une construction ?
Eclosion, de Alexi Zentner, traduction de Jérôme Orsoni
Le petit plaisir coupable qu'on a du mal à assumer. Un roman un peu horrifique avec des araignées aussi voraces que prolifiques, une humanité en danger, des soldats réquisitionnées et des scientifiques dépassés. Lâcher prise et simplement se laisser emporter par une bonne histoire...