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  • Photo du rédacteurNathalie Palayret

La bibliothérapie en pratique : La violence


D'abord, un texte à lire lentement, tranquillement. Le mieux, c'est encore de lire à voix haute, même si on croit qu'on ne lit pas bien. On lit, on relit encore.

D'abord on veut comprendre le sens puis on devient sensible au rythme et à la poésie du texte.


[A télécharger sous forme de fiche pratique en format PDF en cliquant ci-dessous.]

la violence
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La clé à molette s'abattit.

"Tu as visé la jambe ? Comme ça ?"

Schaller ne répondait pas, il ne regardait pas Gerhard, on aurait dit qu'il essayait de mordre le sol. Le coup d'après toucha aussi la jambe de Schaller, peut-être même quelques doigts des mains serrées autour.

"Fais tes bagages, haleta Gerhard. Fiche le camp."

Schaller avait la bouche grande ouverte et les yeux fermés, et on aurait dit qu'il hurlait de douleur, mais il ne criait pas. Ou peut-être que Gerhard n'entendait plus rien. Son esprit s'était détaché de son corps et se tenait un peu en retrait, occupé par une révélation de taille. Il venait de résoudre l'une des plus grandes énigmes de l'humanité : pourquoi y a-t-il autant de violence en ce monde ? La réponse était la suivante : parce que la violence est foutrement facile.

Ses bras et ses jambes continuaient leur ouvrage, comme d'eux-mêmes, sans avoir besoin d'instructions supplémentaires. La clé à molette était tombée par terre, Gerhard bourrait désormais Schaller de coups de pied. Il ne ressentait plus de colère, la haine aussi s'était envolée. Il n'était plus qu'un homme qui accomplissait sa tâche.


Extrait de : "Brandebourg" de Juli Zeh, traduction de Rose Labourie



Ce texte nous invite à revivre un moment où nous avons été acteur de la violence.

Avons-nous eu le sentiment, comme Gerhard, que notre esprit s'était détaché de notre corps ? Que la violence était facile ?



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