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  • Photo du rédacteurNathalie Palayret

Dans la bibliothèque de la bibliothérapeute : Libres cours

Un livre de Catherine Henri, paru aux éditions P.O.L


Sous-titré "la langue, l'exil", "Libre cours" est un livre de prof. Une professeure de français dans un de ces lycées que l'on dit "difficile" parce que les élèves ont une histoire commune avec l'exil et une histoire complexe avec la langue française.


"Professeur n'est peut-être pas un métier, mais un état, un état d'éveil et d'incertitude à la fois".


Comme autant de chroniques, les chapitres de ce livre nous montrent une professeure face à ses élèves et face à la langue. Comment concilier les mots qui se parlent dans la cour du lycée et ceux qui sont donnés à lire dans les œuvres au programme ?


"Chaque fois que je rencontre une classe, je sais que du nouveau va advenir. Que je vais devoir être attentive à l’éphémère, à l'évanescent, à ce qui se passe de fugitif, de fragile, dans les mots des élèves, dans leur regard, dans leurs gestes".


Car il s'agit bien de rencontres ici et elles se nouent autour des mots et de la littérature. Oui, la princesse de Clèves peut aujourd'hui encore venir en aide à un lycéen. Oui, la poésie garde toute sa force pourvu qu'on ne l'aseptise pas. Oui, Leïla, Nawel, Samnang... peuvent rencontrer la littérature.


"Ils tentent de s'atteindre avec les mots sans y parvenir ; ils se lancent des syllabes que personne ne rattrape ; les mots sont devenus des ballons qui bondissent au hasard et finissent par éclater, gonflés de frustration et de cris".


Il y a du bruit et parfois de la violence dans les paroles que les adolescents s'échangent (mais s'agit-il vraiment d'échanges ?). Là où il y a des cris, il y a du corps. Les émotions sont vives, on est à fleur de peau, on réagit au quart de tour. Au professeur alors d'apporter les phrases qui laissent la place au silence, de lire le poème qui fait entendre une autre musicalité, de rendre la langue désirable.


""Pour que le texte puisse être habité par eux, qu'ils y trouvent leur place au bord de la rivière en crue, encore faudra-t-il qu'il arrive au bon moment. ce moment que les Grecs appellent le kairos, l'occasion, l'instant fugitif, soumis au hasard mais essentiel, où tout se joue, une victoire, une guérison, une oeuvre réussie".


Les portraits de lycéens que Catherine Henri esquissent donnent toute sa grâce à ce livre. Ils sont attachants et exigeants, secrets et violents parfois. On comprend que, face à eux, leur professeure s'interroge sur la possibilité de ne pas répéter l'exil au cœur du langage.


Lire la présentation du livre sur le site de l'éditeur





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