Un roman de A.M. Homes traduit par Yoann Gentric, publié aux éditions Actes Sud

Richard Novak est un homme d'affaires, un quinquagénaire qui vit dans une belle villa sur les hauteurs de Los Angeles. Divorcé, il mène une vie rangée. Il fait du jogging sur un tapis de course chaque matin en surveillant le cours de la bourse et ne mange que la nourriture préparée par sa diététicienne.

Un soir, il se retrouve terrassé par une douleur qui le contraint à appeler les secours. Il n'a rien, en tout cas rien de grave, mais tout va changer pourtant.

"D'habitude ci, d'habitude ça. Aujourd'hui les choses ne sont plus les mêmes, elles sont exactement les mêmes sauf qu'elles ne seront plus jamais les mêmes".

Au service des urgences, déjà, il entame la conversation avec une infirmière, lui qui n'était pas sorti de sa maison depuis 24 jours (c'est sa femme de ménage qui a fait le compte). Il reprend contact avec son ex-femme et son fils Ben, 17 ans, qui vivent à New York et qu'il n'a pas vus depuis des mois.

Richard accepte que le monde le bouscule enfin, au propre comme au figuré ! Les aventures loufoques se succèdent : un cheval tombé dans un trou devant chez lui est sauvé par hélicoptère, lui-même libère une femme kidnappée et enfermée dans un coffre de voiture.

Surtout, il profite de toutes les rencontres qu'il peut faire. Enfin, il prête attention, il écoute tous ces gens qui sont là pour peu qu'on veuille les voir. Le premier d'entre eux est Anhil, un vendeur de donuts immigré :

"En Amérique, tout le monde est quelqu'un. Ils en ont déjà beaucoup mais ils en veulent tous plus. Dans mon pays, on est tous personne, c'est plus simple".

La mère au foyer en pleurs au rayon fruits et légumes du supermarché, la star de cinéma qui habite une villa voisine.. grâce à toutes ses rencontres quelque chose d'infime bouge en lui. Et ce petit mouvement intérieur provoque peu à peu de grands changements, à l'instar des mouvements de terrain qui entraînent peu à peu le glissement des plus belles villas de Los Angeles vers le bas de la colline.

"Sur le chemin du retour, au volant de sa voiture, il se sent étourdi par les palpitations de la vie".

Richard décide d'apporter son aide chaque fois qu'il le peut, utilisant pour cela sa fortune mais aussi n’hésitant pas à payer de sa personne. Tout n'est pas simple pour autant et les retrouvailles avec son fils Ben apporteront leur lot de fous rires mais aussi de crises de larmes.

Même s'il nourrit l'ambition secrète de devenir un bon Samaritain, Richard n'est pas un Saint. Ses maladresses et ses erreurs combinées à sa bonne volonté en font un personnage particulièrement attatachant.

Il est peu probable que, en dépit de son titre ambitieux, ce roman parvienne à sauver la vie d'un lecteur (qui sait, après tout...). Mais parce qu'il est un peu foutraque et terriblement jouissif, il a le don de requinquer et de faire sourire. C'est toujours ça de pris !