top of page
  • Photo du rédacteurNathalie Palayret

Dans la bibliothèque de la bibliothérapeute : Le bureau des poids et mesures

Dernière mise à jour : 12 mai 2020


Un album de Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Vincent Mahé, édité par Milan

Cet album, tout en nuances, ne dénonce pas les travers de notre société mais les souligné avec humour et légèreté. 

Le narrateur est un petit garçon dont le papa se passionne pour tout ce qui est mesurable :

"Mon père s'appelle Marcel Gramme. Il est ingénieur au Bureau des poids et des mesures. Chaque jour, il vérifie qu'un gramme pèse bien un gramme, qu'un mètre mesure bien un mètre. "

Mesurer, c'est loin d'être inutile. Se mettre d'accord sur la valeur d'une monnaie, cela facilite les échanges commerciaux. Pouvoir comparer de manière objective des quantités ou des poids peut être nécessaire pour fluidifier les échanges. Le bien-être du groupe s'en trouve renforcé. 

"C'est un travail fatigant. Mais mon père s'applique avec ardeur. Parce qu'il sait que, grâce à lui, le monde tourne rond et tous les jours de l même façon. "

Le vivre-ensemble repose aussi sur cette capacité à éviter des conflits au moyen d'instruments fiables et objectifs. L'étalonnage n'est pas qu'une contrainte, c'est aussi un outil qui garantit l'équité entre les membres de la communauté turque facilité la communication. 

"Imagine si, tout à coup, il fallait dire "j'aimerais dix minutes de chair à saucisse" ou bien "j'ai acheté vingt degrés de pommes. Plus rien n'aurait de sens. "

Mais la vie en société n'est os faite que d'échanges de biens et nos relations ne sont pas uniquement commerciales. Nos liens sont multiples et complexes, parfois sources de complications. 

"Enfin, à vrai dire, mon père ne mesurait pas tout. Et il s'en est vraiment rendu compte le jour où je suis rentré de l'école avec, comme il m'a dit, "le sourire à l'envers". 

Il n'existe pas d'instrument fiable pour rendre compte de cette complexité. Les mots qui nous permettent d'exprimer nos sentiments se dérobent souvent. 

"Mes copains et moi, on s'est disputés pour une bêtise. Alors... oui, on peut dire que je suis triste... enfin... ou... énervé. Ça dépend des moments. "

Se raconter, s'exprimer, se dire, tout cela est déjà bien compliqué. Mais quand il s'agit de se faire comprendre, on ne peut avoir aucune certitude. 

"Tout cela reste flou, approximatif, imprécis ! J'avais compris qu'il parlait de tous ces moments où l'on n'est pas sûr de ce que l'on ressent."

Le petit garçon a une idée pour remédier à ces difficultés. Il la soumet à son père :

"Je lui ai proposé de fabriquer de nouveaux instruments. [...] Mesurer le sourire en youpis, centiyoupis et milliyoupis". 

Et c'est ainsi que père et fils vont inventer et fabriquer un pleuromesureur pour le chagrin ou mesurer l'amour en kilojtèmes. Ils mettent leurs instruments a l'air portée de tous. Chacun peut maintenant mesurer objectivement la peur, la jalousie ou la gourmandise. 

Tout ce qui relevait de l'intime s'affiche désormais sous forme de chiffres sur des cadrans. On ne choisit plus d'exprimer ses sentiments, ils s'offrent désormais à la vue de tous. 

"Les maris se sont mis à reprocher aux femmes de moins les aimer qu'avant, jtèmescope en main. "

Le remède est donc pire que le mal. On ne peut pas traiter les émotions comme on le fait des marchandises. S'il y a bien échanges dans les deux cas, les règles qui les régissent sont différentes. 

"Papa, je crois que nous nous sommes trompés. Les gens ne se parlent plus, ils se mesurent. "

L'expérience est un échec, il faut en tirer les conséquences. 

"Suite à de nombreux problèmes techniques, merci è de bien vouloir rapporter vos instruments. "

L'auteur ne condamne pas l'expérience, née de la curiosité et de l'ingéniosité. Ce sont deux qualités qu'il ne faut pas décourager. Les instruments sont inutiles voire nuisibles ? Qu'à cela ne tienne ! On peut tout de même goûter le plaisir de les découvrir dans un "musée extravagant, plein de machins incroyables qui ne servent à rien. "

Une expérience ratée ne blest jamais tout à fait. Il faut savoir faire preuve d'audace dans nos relations avec les autres mais il faut savoir aussi renoncer et s'adapter.

Une réflexion à partager avec les enfants dès 6ans. 


56 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page